Concert : The Tallest Man On Earth au Krakatoa à Mérignac

La soirée a commencé en douceur avec Idiot Wind. Derrière ce titre d’une chanson de Bob Dylan se cache une jeune chanteuse suédoise qui se nomme Amanda Hajen. Elle est arrivée timidement sous sa coupe de cheveux afro et s’est glissée derrière son piano qu’elle n’a pas quitté le temps de son set. Il y avait donc deux instruments sur scène : le piano et sa voix. Car lorsque l’on entend les premières notes sortir de sa bouche, on se dit que la voix est un instrument à part entière. Elle suffit à remplir la salle du Krakatoa d’émotions. Je pense que tout le monde, et moi le premier, est resté bouche bée devant une prestation sensible, composée de mélodies mélangeant soul et folk, combinaison étonnante et charmante. Sa voix est une vague de chaleur toujours à la limite de la cassure mais qui ne se brise jamais. Le piano est là pour ponctuer les couplets et les refrains, discret, précis et surtout émouvant.

Une très belle surprise que je ne connaissais pas et qui est repartie comme elle est venue, discrète mais nous laissant songeurs.

Elle a cédé sa place à Jens Kristian Mattsson, alias The Tallest Man On Earth, un drôle de nom de scène pour un artiste hors du commun. L’Amérique n’a jamais été aussi bien chantée par un artiste étranger. Quand je vous parle de l’Amérique c’est celle du Grand Canyon, des chemises à carreaux, des cow-boy, du stetson et de la guitare acoustique aux cordes métalliques. C’est l’Amérique de Woody Guthrie que Jens chante, celle d’un vagabond qui voyage son baluchon sur le dos et sa musique pour message. C’est l’image de l’Amérique qui me fait rêver.

Musicalement c’est l’héritage de la musique folk traditionnelle avec une très belle technique de guitare alternant picking et accords. Sa voix est hors norme, un véritable don. Un timbre qui semble avoir voyagé dans le temps alors qu’il n’a que 27 ans. Des intonations que je n’avais pas entendues depuis Finley Quaye. En live, elle ne perd rien de sa force et de sa couleur et c’est ce que j’attendais avec impatience. Niveau texte c’est aussi de qualité même si son registre est principalement composé de « sad song » plus que de « happy song » comme il le dit lui-même. Enfin sur scène, c’est dynamique. Malgré une prestation solo, son jeu de jambe meuble largement sa prestation. Il danse, joue avec le public avec lequel il communique beaucoup.

Vous l’aurez compris ce fut un grand plaisir de le voir en concert, une chance car il n’a fait que deux dates en France, Paris et Mérignac. Certainement l’un de mes meilleurs concerts de cette année. Vous me direz que l’allusion est facile mais The Tallest Man On Earth est petit par la taille mais grand par le talent, ce qui fait de lui l’artiste folk le plus important de la scène actuelle.