Dans le cadre de cette semaine consacrée à Kütu Folk, je suis heureux de partager l'interview d'un artiste précieux pour le label clermontois : Zak Laughed.
D’où vient ton nom de scène ?
C’est une traduction simple et un peu stupide de mon prénom dont l’origine est accordée à mon père. Je n’ai pas trop cherché plus loin à vrai dire.
Quel est ton premier émoi musical ?
Vraiment étant tout petit, c’est Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band ("Getting Better" particulièrement) et Abbey Road des Beatles qui sont devenus des madeleines, au même titre que des groupes pop tels que les Papas Fritas, Ben Kweller, Weezer ou les Pixies que mon père puis mon grand frère écoutaient alors.
Après j’ai eu une période de rejet puis j’ai redécouvert la musique pop avec les trois premiers album de Eels et particulièrement Daisies of the Galaxy qui m’a vraiment marqué.
Quelles sont tes influences musicales ?
C’est très très large mais en gros c’est la musique populaire puis dite indépendante des années 40 à aujourd’hui dont la base sont avant tout des chansons mélodiques. Si je tentais de faire une liste non exhaustive ca pourrait donc aller des Everly Brothers à Okkervil River en passant par le Velvet Undeground, Dylan, Phil Spector, les Girls Group, la Motown, The Zombies, Randy Newman, Creedence Clearwater Revival, Jonathan Richman, Daniel Johnston, Grandaddy ou encore Neutral Milk Hotel.
Comment es-tu arrivé à la musique folk ?
Simplement en commençant par jouer tout seul et donc en me concentrant sur le fait d’essayer de faire des chansons assez simples musicalement mais sincères dans la manière de les composer de les écrire et de les jouer. Je ne savais pas vraiment que cela s’appelait «folk» au début, mais c’était pour moi un prolongement logique de ce que j’aimais chez des artistes comme Jeffrey Lewis ou les Moldy Peaches que j’ai découvert au moment ou j’ai commencé. En grandissant j’ai découvert entre autre la musique country et la musique soul et peut être cela ressort maintenant aussi un peu dans ce que j’essaye de faire, une tentative d'éclectisme même si la base reste la même . Après «folk» en soit ne veut pas aussi dire grand chose j’ai l’impression. Pour moi c’est un peu tout et rien à la fois, je parviens spontanément à en déceler dans tous les styles de musiques que j’écoute, c’est ancré dans toute musique basée sur la chanson en elle-même. Peut-être parce le folk contient forcément une part de blues qui est lui-même la base du rock’n’roll dont tout le monde s’inspire depuis plus de 60 ans....
De quoi tu t’inspires pour écrire ?
Je ne sais pas trop. C’est assez compliqué comme question. Mes chansons sont assez personnelles je crois. Pour moi mon ambition serait simplement de retranscrire de manière vaguement «poétique» les choses du quotidien. Même si je suis très loin d’écrire une chanson par jour. Et de me prétendre poète.
Pourquoi tant de mélancolie dans tes textes alors que tu sembles plutôt quelqu’un de joviale ?
C’est drôle la jovialité n’est pas forcément quelque chose que je m’attribuerais naturellement (rires). En tout cas je pense qu’une chanson triste est beaucoup plus facile à écrire qu’une chanson à tonalité joyeuse. Après je suis fan d’un songwriter comme Randy Newman qui écrit des textes vraiment acerbes, assez tristes mais aussi plein d’ironie, de détachement, parfois faussement guillerets. Du coup je suis naturellement influencé par des choses souvent triste mais aussi plutôt lumineuse, que ce soit par l’humour, la beauté des images décrites ou leur étrangeté. La plupart des chansons que j’adore fonctionnent sur cette opposition qui finalement devient assez classique.
Pourquoi avoir choisi de chanter en anglais ?
Je crois que c’est ce qui est venu le plus naturellement,pour me rapprocher au plus près de mes influences. L’anglais me parait beaucoup plus direct, plus simple à la base là où le francais exige un vrai travail sur les mots. J’ai récemment découvert les chansons magnifiques de Bertrand Belin qui confirme vraiment cela : elles sont superbes car chaque syllabe est parfaitement nuancée, placée de telle facon que l’on oublie l’aspect plutôt inadapté de la langue francaise au format de la chanson pop. Quelque part je ne me sens pas encore prêt a atteindre un tel niveau d’écriture en francais,et je n’ai pas envie d’essayer avant de pouvoir être certain d’un résultat dont je sois sur de la qualité, et qui ne tombera pas immédiatement dans la variété. Pour moi le français requière une confiance en soi par rapport aux textes que je n’ai pas du tout, là où l’anglais est forcément parfois une forme de pudeur et sonne immédiatement au service de la mélodie, bien avant de rechercher un sens plus ou moins complexe aux mots. J’admire néanmoins des dizaines de chanteurs francophones qui ont réussi à faire sonner la langue francaise grace à des textes sublimes et des mélodies superbes. Je pense notamment à mon ami Christophe Adam dont on ne ventera jamais assez les mérites.
Comment as-tu connu Kütu Folk ?
Je les ai connu à mes tout débuts en 2007. Ils m’ont fait faire mon premier concert dans une petite salle à Clermont ou ils fêtaient leur première année d’existence en tant que collectif/label. Ils ont d’abord été des modèles avant de devenir de vrais amis.
Kütu ressemble à une famille, tu confirmes ?
Oui c’est vrai qu’il y’a un coté très familial qui vient notamment du fait que depuis le tout début, tout le monde joue avec tout le monde et tout le monde est fier et admiratif de chacun des projets. Chaque artiste a vraiment sa propre personnalité mais il y a une cohérence qui émane de l’ensemble du label que ce soit entre les artistes français ou étrangers, ce qui est au final aussi surprenant qu'extrêmement agréable. C’est d’ailleurs ce qui va vraiment être mis en avant aux Trans musicales où l’on va parfois se retrouver une dizaine sur scène à jouer la même chanson.
Et en dehors de Kütu, est-ce que tu es proche d’autres artistes ?
Oui bien sûr. En dehors des deux groupes Kütu dans lesquels j’officie en tant que musicien (St Augustine et Dempster Highway), je joue aussi dans un groupe de rock psychédélique qui se nomme The Glums dont Grégoire le bassiste de St Augustine et Dempster Highway font aussi parti. Enfin je suis régulièrement maintenant le deuxième guitariste d’un groupe garage pop aux chansons géniales,The Wendy Darlings avec lequel j’ai pu tourner en Angleterre cet été.
Est-ce qu’il y a un artiste en particulier avec qui tu aimerais collaborer ?
Et bien je suis totalement fasciné par les productions qu’ont réalisées en commun le producteur John Congleton et l’arrangeur Brian Beattie. Ensemble ils ont notamment mis en forme les derniers disques d’Okkervil River et Bill Callahan. Pour moi ce sont des génies dans leur domaine et ils m'impressionnent vraiment. Ils parviennent à être audacieux tout en touchant immédiatement au classicisme et à l’intemporel. Mon idéal serait de collaborer avec un des deux même si j’ai déjà des compagnons extrêmement doués par ici en matière de production.
C’est une traduction simple et un peu stupide de mon prénom dont l’origine est accordée à mon père. Je n’ai pas trop cherché plus loin à vrai dire.
Quel est ton premier émoi musical ?
Vraiment étant tout petit, c’est Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band ("Getting Better" particulièrement) et Abbey Road des Beatles qui sont devenus des madeleines, au même titre que des groupes pop tels que les Papas Fritas, Ben Kweller, Weezer ou les Pixies que mon père puis mon grand frère écoutaient alors.
Après j’ai eu une période de rejet puis j’ai redécouvert la musique pop avec les trois premiers album de Eels et particulièrement Daisies of the Galaxy qui m’a vraiment marqué.
Quelles sont tes influences musicales ?
C’est très très large mais en gros c’est la musique populaire puis dite indépendante des années 40 à aujourd’hui dont la base sont avant tout des chansons mélodiques. Si je tentais de faire une liste non exhaustive ca pourrait donc aller des Everly Brothers à Okkervil River en passant par le Velvet Undeground, Dylan, Phil Spector, les Girls Group, la Motown, The Zombies, Randy Newman, Creedence Clearwater Revival, Jonathan Richman, Daniel Johnston, Grandaddy ou encore Neutral Milk Hotel.
Comment es-tu arrivé à la musique folk ?
Simplement en commençant par jouer tout seul et donc en me concentrant sur le fait d’essayer de faire des chansons assez simples musicalement mais sincères dans la manière de les composer de les écrire et de les jouer. Je ne savais pas vraiment que cela s’appelait «folk» au début, mais c’était pour moi un prolongement logique de ce que j’aimais chez des artistes comme Jeffrey Lewis ou les Moldy Peaches que j’ai découvert au moment ou j’ai commencé. En grandissant j’ai découvert entre autre la musique country et la musique soul et peut être cela ressort maintenant aussi un peu dans ce que j’essaye de faire, une tentative d'éclectisme même si la base reste la même . Après «folk» en soit ne veut pas aussi dire grand chose j’ai l’impression. Pour moi c’est un peu tout et rien à la fois, je parviens spontanément à en déceler dans tous les styles de musiques que j’écoute, c’est ancré dans toute musique basée sur la chanson en elle-même. Peut-être parce le folk contient forcément une part de blues qui est lui-même la base du rock’n’roll dont tout le monde s’inspire depuis plus de 60 ans....
De quoi tu t’inspires pour écrire ?
Je ne sais pas trop. C’est assez compliqué comme question. Mes chansons sont assez personnelles je crois. Pour moi mon ambition serait simplement de retranscrire de manière vaguement «poétique» les choses du quotidien. Même si je suis très loin d’écrire une chanson par jour. Et de me prétendre poète.
Pourquoi tant de mélancolie dans tes textes alors que tu sembles plutôt quelqu’un de joviale ?
C’est drôle la jovialité n’est pas forcément quelque chose que je m’attribuerais naturellement (rires). En tout cas je pense qu’une chanson triste est beaucoup plus facile à écrire qu’une chanson à tonalité joyeuse. Après je suis fan d’un songwriter comme Randy Newman qui écrit des textes vraiment acerbes, assez tristes mais aussi plein d’ironie, de détachement, parfois faussement guillerets. Du coup je suis naturellement influencé par des choses souvent triste mais aussi plutôt lumineuse, que ce soit par l’humour, la beauté des images décrites ou leur étrangeté. La plupart des chansons que j’adore fonctionnent sur cette opposition qui finalement devient assez classique.
Pourquoi avoir choisi de chanter en anglais ?
Je crois que c’est ce qui est venu le plus naturellement,pour me rapprocher au plus près de mes influences. L’anglais me parait beaucoup plus direct, plus simple à la base là où le francais exige un vrai travail sur les mots. J’ai récemment découvert les chansons magnifiques de Bertrand Belin qui confirme vraiment cela : elles sont superbes car chaque syllabe est parfaitement nuancée, placée de telle facon que l’on oublie l’aspect plutôt inadapté de la langue francaise au format de la chanson pop. Quelque part je ne me sens pas encore prêt a atteindre un tel niveau d’écriture en francais,et je n’ai pas envie d’essayer avant de pouvoir être certain d’un résultat dont je sois sur de la qualité, et qui ne tombera pas immédiatement dans la variété. Pour moi le français requière une confiance en soi par rapport aux textes que je n’ai pas du tout, là où l’anglais est forcément parfois une forme de pudeur et sonne immédiatement au service de la mélodie, bien avant de rechercher un sens plus ou moins complexe aux mots. J’admire néanmoins des dizaines de chanteurs francophones qui ont réussi à faire sonner la langue francaise grace à des textes sublimes et des mélodies superbes. Je pense notamment à mon ami Christophe Adam dont on ne ventera jamais assez les mérites.
Comment as-tu connu Kütu Folk ?
Je les ai connu à mes tout débuts en 2007. Ils m’ont fait faire mon premier concert dans une petite salle à Clermont ou ils fêtaient leur première année d’existence en tant que collectif/label. Ils ont d’abord été des modèles avant de devenir de vrais amis.
Kütu ressemble à une famille, tu confirmes ?
Oui c’est vrai qu’il y’a un coté très familial qui vient notamment du fait que depuis le tout début, tout le monde joue avec tout le monde et tout le monde est fier et admiratif de chacun des projets. Chaque artiste a vraiment sa propre personnalité mais il y a une cohérence qui émane de l’ensemble du label que ce soit entre les artistes français ou étrangers, ce qui est au final aussi surprenant qu'extrêmement agréable. C’est d’ailleurs ce qui va vraiment être mis en avant aux Trans musicales où l’on va parfois se retrouver une dizaine sur scène à jouer la même chanson.
Et en dehors de Kütu, est-ce que tu es proche d’autres artistes ?
Oui bien sûr. En dehors des deux groupes Kütu dans lesquels j’officie en tant que musicien (St Augustine et Dempster Highway), je joue aussi dans un groupe de rock psychédélique qui se nomme The Glums dont Grégoire le bassiste de St Augustine et Dempster Highway font aussi parti. Enfin je suis régulièrement maintenant le deuxième guitariste d’un groupe garage pop aux chansons géniales,The Wendy Darlings avec lequel j’ai pu tourner en Angleterre cet été.
Est-ce qu’il y a un artiste en particulier avec qui tu aimerais collaborer ?
Et bien je suis totalement fasciné par les productions qu’ont réalisées en commun le producteur John Congleton et l’arrangeur Brian Beattie. Ensemble ils ont notamment mis en forme les derniers disques d’Okkervil River et Bill Callahan. Pour moi ce sont des génies dans leur domaine et ils m'impressionnent vraiment. Ils parviennent à être audacieux tout en touchant immédiatement au classicisme et à l’intemporel. Mon idéal serait de collaborer avec un des deux même si j’ai déjà des compagnons extrêmement doués par ici en matière de production.
Un album qui te fait rire ? Un album qui te fait pleurer ?
Il y a un disque qui est valable pour les deux questions. Il s’agit de In the Aeroplane Over the Sea du groupe américain Neutral Milk Hotel,sorti en 1998. C’est plus ou moins un album concept sur le destin d’Ann Frank et contenant ainsi plusieurs sortes de paraboles imaginés autour de ça. La plupart des chansons sont donc plutôt tragiques mais surtout très poétiques avec des textes totalement surréalistes et des images très fortes. L’élément central de ce groupe c’est l’auteur-compositeur-interprète Jeff Mangum qui interprète ces chansons d’une manière absolument incroyable, il donne la sensation d’être atteint d’une maladie mentale et qu’il va trépasser d’une minute à l’autre avec cette voix si particulière nasillarde et roque à la fois. Il y’a une urgence, une tension totalement folle dans chaque chanson avec une production qu’on pourrait qualifier de lo-fi (beaucoup de distortion, de bruits parasites) et une orchestration vraiment singulière (beaucoup de cuivres, d’instruments traditionnels). Cet album me retourne vraiment à chaque écoute, c’est à la fois très réjouissant comme un album pop et aussi triste qu’un vieux blues. C’est vraiment un sommet de sincérité pour moi. Je crois que cet album devient d’ailleurs de plus en plus reconnu comme un disque majeur de l’indie rock américain alors qu’il est plutôt passé inaperçu à sa sortie il me semble. Jeff Mangum refait d’ailleurs des concerts solo en ce moment et va faire une tournée en 2012.
Question gourmande : c’est quoi ta pâtisserie préférée ?
La tarte au citron, c’est extraordinaire de bout en bout. Et c’est après une telle pâtisserie qu’on apprécie le plus au monde un grand verre d’eau fraiche alors c’est encore mieux. Sinon la tarte au myrtille c’est aussi excellent mais ça tache alors ça requière une attention un peu contraignante quand on mange un dessert.
Merci Zak.
Crédit photo : Rémy Boissau
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